Viva Technology 2025 et les nouvelles frontières du luxe
Le salon Viva Technology 2025, tenu à Paris du 11 au 14 juin, confirme le rôle stratégique du secteur du luxe dans l’écosystème mondial de l’innovation. Cette édition a été marquée par une montée en puissance des technologies sensibles, une immersion digitale plus sensorielle et une approche éthique de l’innovation.
Une intelligence artificielle sensible au service de l’expérience
En 2025, l’intelligence artificielle ne se limite plus à optimiser des processus. Elle devient un levier d’enrichissement des savoir-faire et un catalyseur de sens. Le groupe LVMH, omniprésent sur le salon, a illustré cette évolution avec LVMH Métiers d’Art, qui utilise des algorithmes génératifs pour prolonger les gestes artisanaux. Cette hybridation entre la main humaine et la machine ne vise pas la substitution, mais l’élévation du niveau de finesse, d’émotion et d’intention dans la création.
Le groupe L’Oréal, quant à lui, a présenté son programme Longevity Integrative Science™, une initiative pionnière mêlant intelligence artificielle, biologie cutanée et santé préventive. Grâce à la plateforme Longevity AI Cloud™, capable d’analyser plus de 260 biomarqueurs, et au dispositif Cell BioPrint™, qui estime l’âge biologique de la peau en cinq minutes, la maison propose des routines hyper-personnalisées. L’objectif n’est pas uniquement cosmétique. Il s’agit d’une relecture complète du soin, articulée autour de la data, du bien-être et d’une esthétique individualisée.
Une narration immersive au cœur de l’identité digitale
L’innovation digitale dans le luxe dépasse désormais l’expérientiel. Des maisons comme Chanel, Dior ou Guerlain transforment les environnements immersifs en véritables plateformes de storytelling émotionnel. Le recours à la 3D, à la réalité augmentée ou à l’interaction olfactive ne sert pas que l’effet spectaculaire : il construit un dialogue sensible avec le public, où chaque expérience devient une signature. Chez Guerlain, une installation synchronisait paysages visuels, sons spatialisés et récits olfactifs, révélant ainsi une manière inédite de faire vivre l’univers d’un parfum. Louis Vuitton, de son côté, a présenté un partenariat avec Rigsters et OKCC pour digitaliser ses produits en très haute fidélité 3D. Cette innovation optimise autant les étapes de conception que celles de mise en marché, tout en ouvrant de nouveaux champs de création visuelle. Le luxe s’inscrit ainsi dans une grammaire immersive et sensorielle où chaque détail devient un vecteur d’émotion.
Une innovation sobre pour un luxe durable
Ce qui ressort fortement de cette édition 2025, c’est le choix de nombreuses maisons de miser sur une innovation plus discrète, mais mieux alignée avec des logiques de durabilité, de circularité et d’éthique. Loin des effets de surface, cette approche devient un marqueur stratégique. Le BioPod, développé par Interstellar Lab pour LVMH, permet par exemple de produire des actifs cosmétiques en circuit fermé grâce à une micro-ferme autonome à faible impact environnemental. Ce projet s’intègre dans une dynamique systémique, où innovation et responsabilité sont indissociables. Autre illustration, Genesis, lauréat du LVMH Innovation Award, a conçu une solution de monitoring intelligent des sols, déjà adoptée par Moët Hennessy pour accompagner sa transition vers une viticulture plus durable.
À travers ces initiatives, le luxe montre qu’il ne se contente plus de répondre à la demande. Il redéfinit ses propres standards, à la croisée de la technologie, de l’éthique et du temps long.
Le salon Viva Technology 2025 n’a pas seulement exposé les avancées technologiques. Il a révélé les nouvelles orientations structurelles du luxe contemporain. Les maisons les plus influentes intègrent désormais l’innovation comme un langage sensible, stratégique et durable.
À l’EIML Paris, ces dynamiques nourrissent une pédagogie tournée vers l’avenir. Comprendre ces mutations, c’est préparer les futurs acteurs du secteur à penser la technologie comme un médium au service de l’excellence, de la vision et de l’impact.