Pour sa 11e édition, la Cité du Luxe de l’EIML Paris fait place aux futures
Lieu d’échange qui offre aux étudiants, depuis plus de 10 ans, l’opportunité de débattre avec des professionnels du luxe, la Cité du Luxe de l’EIML Paris avait pour thématique cette année les « Futurs Désirables ». Retour sur les échanges passionnants qui ont rythmé cette journée.
Le Club Luxe de l’EIML Paris, constitué de 18 étudiants de 5e année, ont réalisé en amont de cette journée un travail de recherche, une enquête terrain et des interviews d’experts.
Futurs désirables
Cette nouvelle édition de la Cité du Luxe avait pour mission de replacer l’impact positif de l’industrie du luxe, ses métiers, ses valeurs, via les interventions des experts invités et le travail des étudiants, tout en discutant des enjeux sociétaux et technologiques auxquels elle fait face. L’occasion d’instaurer des débats transgénérationnels, d’aborder des problématiques qui font écho à l’actualité et d’envisager l’avenir.
« Notre objectif en proposant cette nouvelle édition de la Cité du Luxe, était qu’elle soit à l’origine de la transmission de connaissances et d’interactions qui permettront la naissance de projets concrets innovants et enthousiasmants, pour toutes les générations souhaitant exercer des métiers dans le milieu passionnant et en constante mutation du Luxe et des industries créatives. » ajoute Sandrine Poupon, Directrice de l’EIML Paris.
Cette année, les Futurs Désirables du Luxe étaient au cœur des tables rondes, talks et débats qui ont rythmé cette Cité du Luxe et notamment deux axes principaux qui vont avoir un impact significatif dans la création, le développement, la distribution et la consommation du Luxe dans le futur :
- Le Luxe de demain sera désirable et responsable car durable, intemporel dans une optique de temps long.
- Le Luxe de demain sera désirable car hyperconnecté et expérientiel, notamment avec le métavers.
Benoit Rigaut Director Digital Technology Innovation chez Chanel, Justine Payord coordinatrice RSE chez Ami Paris, Pietro Riani Global Retail Marketing Manager Objets Nomades chez Louis Vuitton, Axelle Ferrer Chef de produit chez Courbet, Benjamin Blamoutier VP Global Brand & Customer Experience chez Lacoste, Rodolphe de Turkheim Consumer Trends & Insights chez Nelly Rodi et bien d’autres encore étaient présents, sur le campus de l’EIML Paris, pour échanger sur ces thématiques passionnantes.
Un luxe désirable car soutenable
Depuis plusieurs années, le secteur du luxe est en pleine mutation et les jeunes générations en quête de sens. Entre économie circulaire et maintien des savoir-faire traditionnels du luxe, beaucoup de questions émergent. Thierry Kazazian a insisté sur le concept de « développement désirable » avec comme idée majeure d’instaurer « un luxe désirable car durable ».
Comme l’affirme Gilles Lipovetsky « Il y a dans l’amour du luxe un rapport au temps. Quand on achète un diamant, un produit griffé, on achète des marques qui s’inscrivent dans le temps, on veut conjurer l’obsolescence des choses, l’absence de substance. ».
Le secteur du Luxe, sous l’influence de nouveaux clients habitués à la livraison rapide, à l’immédiateté de l’information, a pour autant été contraint de modifier son business model et d’intégrer des cycles de plus en plus courts : drops, collaborations, prises de paroles régulières… Aujourd’hui, un nombre croissant de managers et de designers demandent un retour au temps long, à la valorisation des savoir-faire, de la transmission, de la main. Comme un appel à une décélération élégante.
Un appel aussi à capitaliser sur ses intemporels, ses iconiques. Des produits qui auront une deuxième, une troisième, une quatrième vie… Des produits réparables, des produits authentifiés grâce à la blockchain, des produits réinjectés dans une économie circulaire. Des produits anti Fast-Fashion en somme.
Enfin, et parce que les questions environnementales et sociétales deviennent incontournables, le Luxe étend son influence en proposant ses méthodes, ses contacts, au reste des industries créatives. La collaboration n’a jamais eu autant de sens qu’aujourd’hui, et les vrais leaders sont ceux qui partagent leurs innovations et infusent les bonnes pratiques.
Les promesses du Web3
Le numérique, avec ses nouvelles innovations, soulève de nombreux questionnements. Le luxe étant un concept rare et intemporel, ces nouvelles innovations pourront-elles à terme discréditer l’avenir du luxe ? L’émergence des nouvelles technologies permet aussi d’envisager de nouvelles stratégies commerciales. Comment les adapter au secteur du luxe ?
La montée en puissance des plateformes de Gaming a été particulièrement impressionnante ces dernières années : 202 millions d’utilisateurs pour Roblox, 140 pour Minecraft, 81 pour Fortnite. L’impact de ces plateformes a une incidence sur notre façon d’appréhender les mondes virtuels, qui se déclinent aujourd’hui en métavers. Toute une génération de gamers a fait sienne une certaine idée du digital self, allant de la création d’avatars à la customisation de ses expériences en ligne. Accompagnée par des réseaux sociaux plus inclusifs, plus bienveillants, la Gen Z n’hésite plus à instaurer un dialogue avec les marques. Sur Discord on discute co-création, on teste des nouveaux services, on échange sur les projets de sa marque préférée.
Des mondes virtuels où l’humain est bien présent, et de plus en plus créatif. Les objets numériques se développent et ont parfois même davantage de valeur que leur pendant physique. Peut-on y voir une alternative à la surproduction de biens qui appauvrit nos ressources ? C’est ce que pensent d’innovantes start-ups comme DressX ou The Fabricant, qui proposent à nos Maisons des créations numériques exclusives et écoresponsables.
Reste à conserver les valeurs et le storytelling des Maisons de Luxe dans ces nouveaux espaces où les possibilités technologiques semblent infinies. Gucci Garden a réuni 19 millions de fans sur Roblox. Faut-il y voir une preuve de la puissance des marques, et de l’impact qu’elles auront dans les prochaines années sur tout ce nouvel écosystème ? Après une phase de découverte, le Luxe semble prêt à en saisir toutes les opportunités et à jeter les bases d’une nouvelle relation avec ses clients, où l’humain et la technologie s’inventent un destin commun.
» J’espère que l’expérience client de demain sera fondée toujours sur l’aspect physique mais intermédiée avec un aspect digital plus fluide que maintenant et plus respectueux de la “privacy” « . Témoigne Benoit Rigaut Directeur Innovation Technologique chez Chanel.
Cette journée témoigne de la curiosité des étudiants de l’EIML Paris et de leur volonté d’avancer sur les problématiques de notre époque. Chaque année, la Cité du Luxe réunit experts et étudiants autour de thématiques liées au secteur du luxe. L’occasion d’instaurer des débats transgénérationnels, d’aborder des problématiques qui font écho avec l’actualité et d’envisager l’avenir. Rendez-vous l’année prochaine pour une journée qui promet d’être tout aussi passionnante.