Met Gala : l’édition 2025
Chaque année, le premier lundi du mois de mai, le Metropolitan Museum of Art à New York accueille l’un des événements les plus attendus du calendrier mode et culturel. Le Met Gala réunit maisons, créateurs, artistes et personnalités autour de l’ouverture de l’exposition annuelle du Costume Institute. Chaque édition s’organise autour d’un thème central, qui guide les invitations, les tenues et les intentions visuelles de la soirée.
Un ancrage institutionnel
Le Met Gala naît en 1948 sous l’impulsion d’Eleanor Lambert, avec l’ambition d’ancrer la mode dans les institutions culturelles américaines. Dans les années 70, Diana Vreeland transforme cette soirée mondaine en projet muséal. Elle conçoit des expositions ambitieuses où le vêtement devient un langage à part entière. La mode s’affirme comme un vecteur de mémoire, de discours et de représentation. À partir des années 90, Anna Wintour renforce cette approche en instaurant une direction artistique stricte. Elle encadre les invitations, sélectionne les profils, travaille la cohérence entre l’exposition, le tapis rouge et les maisons invitées. Le thème annuel, défini par le Costume Institute, devient alors le fil conducteur de la soirée. Il oriente les créations, structure les récits visuels et donne à chaque édition une lecture propre.
Un thème, mille interprétations
Certains thèmes restent dans les mémoires pour la profondeur de leurs réponses. “Heavenly Bodies : Fashion & Catholic imagination”, en 2018, ouvrait une réflexion sur la spiritualité, les icônes et l’esthétique liturgique. “Camp : notes on Fashion”, en 2019, posait un défi délicat sur l’exagération consciente, la provocation assumée, le second degré comme outil visuel. En 2022, “In America, an Anthology of Fashion : Gilded Age” explorait les paradoxes de l’âge d’or américain à travers ses tensions sociales et esthétiques. Répondre à ces thèmes nécessite une véritable lecture. Observer, comprendre, relier un propos créatif à un contexte culturel. Les tenues qui marquent sont celles qui posent un angle. Chaque invité est attendu sur une interprétation qui va au-delà de l’image. Il s’agit moins d’un look que d’un positionnement artistique.
Les maisons ont un rôle central. Habiller un invité au Met Gala engage plus qu’un savoir-faire technique. Cela demande une relecture du thème, une création qui transmet un message, une vision, une mémoire. Pour les personnalités invitées, le vêtement devient un terrain d’expression. Une prise de parole à travers la coupe, la matière, la ligne. Ce que l’on voit incarne une culture, un propos, un héritage.
Met Gala 2025, “Superfine: Tailoring Black Style”
Pour l’édition 2025, le Costume Institute du Met consacre son exposition à “Superfine: Tailoring Black Style”. Ce projet met en lumière la manière dont la culture du tailoring a été investie, détournée et enrichie par les identités noires à travers l’histoire et la diaspora. Pensée à partir des travaux de la chercheuse Monica L. Miller, cette exposition est la première depuis deux décennies à placer la mode masculine au centre du propos. Le code vestimentaire annoncé, Tailored for You, ouvrait la voie à des propositions très personnelles. Il ne s’agissait pas d’un simple hommage au costume classique, mais d’un appel à revisiter le tailleur comme langage. Certaines tenues rendaient hommage au zoot suit des années 40, d’autres puisaient dans les codes des sapeurs ou dans l’élégance urbaine contemporaine. Le tailoring devient ici un outil de narration, où chaque détail, chaque accessoire affirme un regard.
Le rôle phare des invités
Les invités phares de cette édition ont proposé des interprétations marquantes. Colman Domingo en Valentino impose une cape majestueuse à la coupe parfaite. Rihanna joue les contrastes en misant sur une fluidité structurée, signée Marc Jacobs. Zendaya opte pour une silhouette nette, blanche, minimaliste, maîtrisée. Diana Ross, fidèle à son aura, allie hommage personnel et sophistication dans une tenue brodée pleine de mémoire. Le Met Gala dépasse depuis longtemps le cadre de la mode. Il s’impose comme un repère culturel, un miroir de l’époque, où se rejouent les rapports entre esthétique, représentation, pouvoir et narration. Cet événement place la mode au cœur du débat public, influence les imaginaires collectifs et dialogue avec l’actualité sociale, artistique et identitaire. En réinventant les règles du Met Gala, Anna Wintour en a fait une institution. Elle a imposé une exigence de cohérence, un sens du récit, et une vision claire de ce que la mode peut incarner lorsqu’elle est pensée comme un langage. Sa capacité à faire converger maisons, musées et figures d’influence a redéfini la place du vêtement dans le paysage culturel global.
À l’EIML Paris, cette dimension fait partie des enjeux transmis. Au sein de l’International Program et du programme Marketing du Luxe, le choix de la spécialisation “Brand Management in Fashion and Accessories” en 1ère année de Mastère ne forme pas seulement à comprendre l’univers de la création : il pousse à en saisir la portée, à décoder les signes, à lire la mode comme une force d’influence. Car comprendre ses codes, c’est aussi comprendre les récits qu’elle fait émerger.