Interview avec Véronique Preschez, Responsable Pédagogique pour les Bachelors à l’EIML Paris.
Véronique Preschez, actuellement Responsable Pédagogique pour les Bachelors à l’EIML Paris, vous partage son parcours professionnel à travers un témoignage exclusif.
EIML Paris : Parlez-nous de ce que vous faites aujourd’hui, de vos missions au quotidien, des autres services avec qui vous travaillez en général (s’il y en a ?)
Véronique Preschez : Mon rôle est de concevoir et de mettre en place des programmes de formation adaptés aux besoins des étudiants de l’EIML et correspondant aux attentes des entreprises du secteur du luxe. Au quotidien, je coordonne une équipe d’intervenants qui viennent partager leurs connaissances et leur expérience auprès de nos étudiants et j’anime également certains cours. Enfin, je reste à l’écoute des étudiants via des réunions de délégués et comités pédagogiques.
EIML Paris : Quelle est ou quelles sont les expériences professionnelles qui vous ont le plus marquées au cours de votre carrière ?
VP : Lorsque j’étais Directrice Marketing International au sein de la maison Yves Saint Laurent Parfums, ce sont les lancements de nouveaux produits qui m’ont le plus marqués par la multitude de choses que nous devions orchestrer dans des délais incompressibles pour présenter les nouveautés au département communication et aux filiales à l’international.
EIML Paris : Comment votre expérience en tant que Directrice Marketing chez Payot vous a-t-elle préparée à la fondation de Véronique Preschez Consulting ?
VP : Ma mission pour la marque Payot, qui avait été rachetée par le groupe Puig, ne s’arrêtait pas à la stratégie marketing de la marque. Je gérais également les pôles communication et management de la marque, ce qui m’a appris à piloter une entité complète à la manière d’un chef d’orchestre. Tout cela m’a énormément aidé quand j’ai créé ma propre société de consulting.
EIML Paris : Quels changements majeurs avez-vous observés dans le secteur de la cosmétique en termes de stratégie marketing, depuis vos débuts ?
VP : Le premier grand changement au cours des années c’est l’intérêt des clientes pour des produits plus naturels et bio avec des attentes souvent liées à la santé. Cela a amené également certaines maisons à retravailler leurs formules cosmétiques et à apporter plus de transparence et de traçabilité afin de rassurer leurs consommatrices qui cherchent de « bons produits pour leur peau » mais également « des produits bons pour la planète ». Un autre changement important est l’attrait des plus jeunes générations (gen Z) pour la cosmétique préventive. Les femmes et les hommes prennent soin de leur peau de plus en plus tôt. Ensuite la concurrence qui est très vive dans ce secteur : Le nombre des acteurs du marché de la cosmétique est en constante augmentation année après année, ce qui oblige les marketeurs à faire une veille permanente et complète et à innover en permanence. Et enfin les femmes ne recherchent plus coûte que coûte le produit miracle qui va effacer toutes leurs rides mais vont privilégier une cosmétique plus holistique, plus axée sur le bien-être en acceptant davantage le naturel.
EIML Paris : Comment vos expériences ont-elles influencé votre approche pédagogique d’aujourd’hui ?
VP : Grâce à mon expérience, j’essaie d’avoir une approche pédagogique très pragmatique toujours en lien avec le terrain et la réalité de l’entreprise. Je transmets aux étudiants, sous la forme de retour d’expérience, la manière de comprendre les marchés et les exigences des consommateurs pour réaliser des lancements réussis mais surtout je leur raconte les erreurs qu’ils peuvent éviter à travers de nombreuses anecdotes puisées dans mon vécu professionnel.
EIML Paris : Quels sont les enseignements clés que vous essayez de transmettre aux étudiants qui se destinent à une carrière dans le marketing du luxe ?
VP : Pour s’orienter vers le marketing du luxe, il faut impérativement être curieux de nature et ouvert d’esprit. Il faut s’intéresser à l’art et à la culture sous toutes ses formes pour pouvoir utiliser et nourrir sa créativité. Et bien sûr, il faut savoir être agile, avoir une vraie capacité d’adaptation pour comprendre les marchés internationaux et les exigences des consommateurs qui évoluent très rapidement. Ce sont les enseignements que j’essaie de transmettre aux étudiants à travers des projets marketing que j’anime comme, par exemple, celui sur la création d’une marque de parfums de niche en 2ème année.
EIML Paris : Selon vous, quels sont les atouts pour réussir dans votre métier actuel ?
VP : Il faut aimer le travail en équipe, savoir faire preuve de diplomatie, être organisé et anticiper les échéances, savoir prendre des décisions et être patient. Pour réussir, il faut surtout être un bon communicant, et être à l’écoute de tous (étudiants et intervenants) avec exigence bien sûr mais aussi bienveillance.
EIML Paris : Quels postes intermédiaires permettent de faire ce métier et d’accéder à ces responsabilités ?
VP : Il est indispensable d’avoir déjà enseigné pour comprendre les attentes des étudiants et comprendre les contraintes et besoins des intervenants. Il est nécessaire également d’avoir une bonne connaissance du secteur d’activité , c’est-à dire, dans notre cas , de bien connaitre le marché du luxe.
EIML Paris : Vers quels autres métiers ce poste permet-il de rebondir ?
VP : Ce poste peut permettre de rebondir vers la formation au sens large (en école ou en entreprise), la direction d’un établissement d’enseignement supérieur, ou la direction de la formation d’une maison de luxe, ou pourquoi pas la direction des ressources humaines.
EIML Paris : Quelles sont, selon vous, les compétences essentielles que les jeunes professionnels doivent développer pour réussir dans le marketing du luxe aujourd’hui ?
VP : Il faut savoir utiliser les réseaux sociaux pour mettre en œuvre les actions marketing et être à l’aise avec les outils du marketing digital sans oublier les tableurs Excel. La créativité reste essentielle, le goût pour le travail en équipe est également important. Le jeune marketeur doit également avoir le sens de la communication et du relationnel et être capable de convaincre sur de nouveaux projets. La bonne pratique de l’anglais est aussi nécessaire.
EIML Paris : Que pensez-vous de la phrase : « De la passion nait l’ambition » ?
VP : La passion fait naitre énormément de choses donc pourquoi pas de l’ambition mais je pense que lorsque l’on aime quelque chose au point d’être passionné, on n’a même plus besoin d’ambition. On peut gravir les échelons et dépasser les difficultés naturellement.